
Démence : et si c’était le microbiote… cérébral ?
En 2010, un tournant majeur a eu lieu : des chercheurs ont démontré que les plaques amyloïdes, caractéristiques de la maladie d’Alzheimer, étaient produites en réponse à certains agents pathogènes. Ces agrégats de protéines, autrefois considérés comme de simples marqueurs toxiques de la maladie, joueraient en réalité un rôle protecteur en piégeant les microbes envahisseurs. Un phénomène similaire a été observé dans la maladie de Parkinson, où les protéines alpha-synucléines semblent être produites pour lutter contre des agents pathogènes.
L’affaiblissement du système immunitaire lié à l’âge pourrait favoriser la prolifération de ces micro-organismes dans le cerveau. En effet, certaines bactéries comme Staphylococcus et Streptococcus, ainsi que des champignons comme Cryptococcus et Candida, sont retrouvés en plus grande quantité dans le cerveau des personnes atteintes d’Alzheimer.
Une analyse menée par The Alzheimer’s Pathobiome Initiative, compilant 86 cas cliniques, a même révélé la présence de Borrelia burgdorferi, la bactérie responsable de la maladie de Lyme, chez plusieurs patients atteints de démence.
Cependant, il semblerait que ce ne soit pas un pathogène unique qui soit responsable des maladies neurodégénératives, mais plutôt un déséquilibre global du microbiote cérébral. Une analyse de 32 cerveaux humains (dont la moitié atteints d’Alzheimer) a montré que certaines associations de microbes étaient corrélées avec différents stades de la maladie (Mené et al., 2023). Certaines interactions entre espèces bactériennes pourraient même aggraver les dommages cérébraux, exerçant une pression supplémentaire sur les neurones déjà vulnérables.